Le Pastoralisme dans le Ferlo

Publié le par Amel et Sebastien


Ateliers sur le pastoralisme et changement climatique

La semaine passée, j'ai participé à Saint-Louis à des ateliers organisés par Agronomes et Vétérinaires sans Frontières et par la Région Rhône Alpes. Thème ambitieux sur le pastoralisme, changement climatique et développement durable. C'était assez exceptionnel ici (en France, ce n'est pas courant non plus), mais les organisateurs avaient réussi à  réunir des responsables professionnels de l'élevage, des scientifiques, des élus régionaux, des institutionnels... en général les ateliers de ce type regroupent plutôt une seule catégorie d'acteurs.
Et les débats n'en ont été que plus riches ! Ca a commencé fort avec des revendications des éleveurs qui ont fait savoir leur volonté d'être associés aux réflexions des élus régionaux sur les questions de pastoralisme. Ils découvraient en effet au cours des ateliers la mise en place d'une entente interrégionale regroupant 5 régions administratives autour d'un projet commun de lutte contre le changement climatique et pour le maintien du pastoralisme, sans qu'ils aient été consultés !!! En réalité, j'apprendrai un peu plus tard, en discutant avec le consultant qui a animé l'atelier, que cette initiative était née initialement de la réflexion des éleveurs. Ce n'est qu'ensuite qu'elle a été reprise par les politiques, qui ont avancé de leur côté, en oubliant d'associer à leur réflexion les éleveurs qui avaient été les premiers moteurs...


Le Ferlo

Reste que les enjeux pour la zone sont de taille. La zone sylvo-pastorale concerne à peu près un tiers du Pays et le pastoralisme y est l'activité dominante. Mais sans législation foncière claire, avec des droits d'usage de l'eau différents d'un point à un autre, des mouvements migratoires transfrontaliers entre le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et dans certaines zones le foncier qui passe de plus en plus à l'agriculture... l'activité est loin d'être sécurisée ! Comme le disait très bien une chercheuse du CIRAD, l'avenir du pastoralisme est moins déterminé par les changements climatiques que par l'organisation sociale que sauront trouver les éleveurs dans leur environnement.


Des stratégies qui s'adaptent à leur époque

Saliou Dicko, le responsable de l'Assocation des Producteurs et Eleveurs de Gao, au Mali, a bien illustré tout cela à partir de son expérience. Aujourd'hui, les Peuls n'hésitent pas à faire du fourrage, à acheter des compléments et vendre leurs animaux dès qu'ils sentent la conjoncture mauvaise ou que l'état des pâturages risque d'être insuffisant. Finies les grandes sécheresses où on voyait des éleveurs complètement ruinés ayant perdu toutes leurs têtes. Les années fastes, les stratégies changent aussi. Ils n'augmentent plus leurs troupeaux, mais investissent plutôt dans la pierre et font construire des maisons. On est bien loin de la vision ancestrale du pastoralisme...

Publié dans Sénégal

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