Les "Anciens" en goguette

Publié le par Amel et Sebastien


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Echange neige contre baobab !

Après la visite des frères (celui d'Amel et celui de Sebastien), place aux parents, oncles et tantes !!! Rien de tel, passé la soixantaine, qu'un petit bain prolongé de soleil et de chaleur en plein hiver ! Surtout quand on laisse derrière soi des températures négatives et une bonne couche de neige !...
Le mois de février (déjà un peu plus court que les autres) est donc passé à vive allure avec ces petites vacances...
En plus, ce qui est bien au Sénégal, c'est que la famille, c'est sacré , et les parents (les "Anciens", encore plus) ! Pas de problème donc pour prendre ses congés et faire le guide pour cette joyeuse équipée ! Un mois après leur départ, on nous demandait encore des nouvelles de la famille, si leur voyage au Sénégal leur avait plu, est-ce qu'ils avaient été contents, quand est-ce qu'ils pensaient revenir... Le Sénégal est quand même le pays de la Teranga (hospitalité), y a pas à dire !


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"Oh ! là-bas... un calao à bec rouge !"

La première semaine de vacances a permis à certains de se découvrir une nouvelle passion pour l'ornithologie. Traquer les oiseaux avec les jumelles, attendre la tombée du jour pour voir les passereaux multicolores voler d'arbre en arbre, chercher les nids des balbuzards pêcheurs dans les baobabs au loin... que d'émotions inattendues !
Ce fut aussi l'occasion de tester la température de l'eau dans les meilleurs points de baignade du pays : après une traversée en pirogue sur l'îe de Ngor, au milieu des gros rouleaux sur la Petite Côte, dans l'eau bleutée entourée de bougainvillées de la piscine de l'hôtel, dans les bolongs du Saloum à l'eau mi-douce mi-salée...
Sans oublier de goûter à la gastronomie sénégalaise et faire une petite cure de riz  ! Il faut savoir qu'au Sénégal, la consommation moyenne de riz est de 90 kg par personne et par an, ce qui donne une moyenne journalière de 250 grammes ! Qui dit mieux ? Ici, on mange donc du riz tous les jours, et pas qu'un peu !!!


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"Qui veut de la bouillie ?"

Après notre virée au sud, cap vers le Grand Nord dans la région de Saint Louis où nous avons commencé par dormir chez Doudou, un Peulh diplômé en Physique qui a tout abandonné pour venir créer avec son cousin une ferme en agro-biologie. Un challenge de taille : montrer qu'il est possible, même en milieu sahélien, de garder des vaches en stabulation et de vivre des revenus du lait, de la transformation fromagère et du maraîchage bio possible grâce au fumier des vaches !
Pari gagné : aujourd'hui la ferme est devenue un centre de formation qui accueille tous les ans des jeunes de tout le pays pour les former au métier de paysans et aux techniques bio, ainsi que des organisations de toute l'Afrique de l'Ouest qui viennent s'inspirer de leur expérience pour initier des démarches de ce type chez eux. Bravo Doudou !
Et comme il y avait un baptême juste au moment de notre passage, on a même pu découvrir le fameux laax (prononcer "larr") des Peulhs : une bouillie de mil et de lait, servie pour les grandes occasions.


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Le Djoudj : 3e réserve mondiale de biosphère

Impossible de visiter le Nord du Sénégal sans faire un saut dans le Parc National du Djoudj, qui accueille en cette saison des Pélicans car milliers ! C'était vraiment impressionnant de voir leur ballet incessant et de les voir plonger tous ensemble, encerclant les poissons et ne leur laissant qu'une maigre chance de s'échapper... Tout le monde s'extasie sur les Pélicans, mais qui se préoccupera un jour du génocide tranquille à l'oeuvre pour ces pauvres poissons ??? En tout cas, pas les varans et crocodiles croisés tranquillement au cours de notre ballade !


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Aux confins du Fouta

Et pour finir notre tour du Sénégal, nous avons continué jusqu'à l'intérieur des terres, là où on ne trouve plus rien, si ce n'est du sable, des acacias et des troupeaux transhumants... Le Sénégal est un petit pays, mais avec de vastes zones non habitées dédiées aux pâturages, comme dans tous les pays sahéliens. Cette zone sylvo-pastorale est le terrain de jeu préféré des éleveurs, qui font circuler leurs animaux d'une zone à une autre, exploitant ansi de manière extensive des espaces qui n'auraient sans cela aucun usage.
Le problème se pose quand la pluviométrie vient à manquer et que les pâturages de ces zones ne sont plus suffisants, les éleveurs sont alors contraints d'aller plus au Sud et de s'approcher des zones de cultures, entrainant souvent des accidents (les agriculteurs n'aiment en général pas trop quand des vaches, venues d'on ne sait où, viennent manger dans leurs champs...) ce qui provoque inévitablement des conflits quand la pression des animaux est trop forte.

On n'en parle encore nulle part, mais le Sahel risque de vivre rapidement une crise alimentaire de grande ampleur, et une augmentation des conflits entre éleveurs et agriculteurs, comme cela a été le cas récemment au Nigeria. Le Niger est déjà dans le rouge, mais plusieurs autres pays sont également concernés : le Tchad ne disposerait que de 40% de ses besoins alimentaires, le Burkina 50%, le Nord du Mali serait aussi touché... Pour l'instant, c'est le silence radio, mais les éleveurs sont déjà en train de décapitaliser et de vendre massivement leurs animaux, qu'ils n'arrivent plus à nourrir, et tout le monde étant dans la même situation, les animaux ne valent plus rien sur les marchés sahéliens... Les ONG présentes sur le terrain essaient d'alerter les chefs d'Etat, les organisations internationales et les médias, afin que des mesures soient prises rapidement, mais il faut croire que les chefs d'Etat n'ont pas tellement envie que leur pays soit mis sur le devant de la scène et que tout le monde a déjà eu son quota de catastrophes avec Haïti... Les crises alimentaires en Afrique ne semblent plus intéresser grand monde... Espérons que la pluviométrie sera bonne cette année. Inch Allah !

Publié dans Sénégal

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