L'agriculture sénégalaise




L'agriculture sénégalaise repose essentiellement sur de petites exploitations agricoles produisant aussi bien des cultures vivrières (mil, sorgho, niébé, maïs...destinées à la consommation locale) que des cultures d'exportation (arachide, coton et légumes de contre-saison). Bien que ne représentant qu'une faible part du PIB, c'est un secteur essentiel de l'économie puisque 2/3 de la population vit de l'agriculture.

Les difficultés liées au changement climatique et au renchérissement des denrées agricoles sur le marché mondial ont poussé le Président à lancer une grande initiative (appelée la Goana) pour faire décoller la production nationale. ll a demandé à chaque sénégalais de cultiver autant que possible. Plus de 50% de terres en plus ont ainsi pu être cultivées lors de la dernière campagne, et grâce à une pluviométrie favorable (contrairement à l'année passée, qui avait été très mauvaise), la production a plus que doublé !



Mais les difficultés des agriculteurs demeurent et la dépendance aux conditions climatiques reste la préoccupation majeure. En effet, l'agriculture est ici essentiellement pluviale, seules 4% des superficies cultivées sont irriguées. Depuis les années 70, les pays du Sahel sont en déficit pluviométrique chronique et les isohyètes se sont décalés parfois sur plus de 100 kilomètres. Là où auparavant il pouvait tomber 500 mm en moyenne, il n'en tombe plus que 400 aujourd'hui.

A cela s'ajoutent des difficultés liées au désengagement de l'Etat imposé par les plans d'ajustement structurel. Les sociétés nationales qui assuraient auparavant l'approvisionnement en semences et en intrants, le conseil, la collecte et la commercialisation ont dû être privatisées ou démantelées et le secteur privé n'a pas toujours su prendre le relais pour satisfaire les attentes des agriculteurs. La filière arachide fait ainsi face actuellement à une très grosse crise lié à l'incapacité à disposer de semences certifiées de qualité. Pour le riz, les difficultés viennent de la concurrence sauvage du riz brisé asiatique, bien moins cher que le riz local et pas plus taxé que les productions nationales. Résultat : aucune interprofession fonctionnelle n'arrive à se mettre en place puisque le marché est totalement atomisé et que les négociants de la filière ont bien plus intérêt à importer qu'à s'organiser et contractualiser avec les producteurs locaux. Pourtant les riziculteurs sénégalais ont beaucoup gagné en compétitivité depuis la dernière dévaluation du franc CFA.

Au niveau de l'élevage, les crises sanitaires mondiales ont finalement eut du bon. Avec la grippe aviaire, toutes les importations ont été interdites et une filière avicole locale a pu très rapidement se mettre en place. +80% de production en 3 ans, qui dit mieux ? Au niveau du lait, c'est une toute autre histoire, les importations de poudre de lait empêchent une filière locale de se mettre en place. Quelques chefs d'entreprises tentent de valoriser le lait local en mettant en place des systèmes de collecte de lait frais, mais ces initiatives restent marginales. La baisse du prix du lait, ne fait pas que des mécontents en Europe, elle pénalise aussi beaucoup les éleveurs d'ici.

Et puis comme dans beaucoup de Pays du Sud, le foncier fait l'objet de toutes les convoitises. Et les gouvernements ont malheureusement tendance à penser qu'il vaut mieux essayer de faire venir des investisseurs privés étrangers plutôt que de développer les moyens de production et la compétitivité des agriculteurs sénégalais... les meilleures terres bénéficiant des aménagements les plus modernes n'iront pas à l'agriculture familiale sénégalaise. Qu'auraient dit les agriculteurs européens, si au sortir de la guerre, au lieu d'un Plan Marshall, on avait attribué les meilleures terres à des farmers américains...

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