Mission en Casamance

Publié le par Amel et Sebastien

Ramatoulaye, Mama et Baye Yoro

 

Pour ma dernière mission de terrain, nous avions une équipe de choc : Ramatoulaye Diop, qui est d'origine Peule et vient de finir ses études d'horticulture, Mama Gueye, consultant et associé de Baobab des Saveurs (une entreprise qu'il a monté avec Pierre-Gilles, on en parlera dans un prochain article) et chez qui on avait passé la Korité, et Baye Yoro, son frère, chauffeur infatigable ! Il nous fallait bien ça, car pour nos études des filières sésame et anacarde, on a tout simplement silloné toute la moitié Sud du Pays en à peine un peu plus d'une semaine ! Autant dire qu'on n'a pas perdu de temps et qu'on a mangé de la piste... mais toujours dans la bonne humeur !



Isidore, 52 ans, producteur de noix de cajou

 

L'anacarde (ou noix de cajou) occupe une place de choix dans les exploitations de Casamance et de Guinée Bissau. A côté des cultures vivrières (mil et riz), la vente des cajou permet en effet de subvenir aux besoins de toute la famille. Comme tout le monde participe à la récolte (il faut attendre que les pommes de cajou où sont accrochées les noix tombent par terre pour être à pleine maturité), chacun gagne un petit quelque chose, y compris les femmes et les enfants.

Isidore est producteur de cajou et habite au Sud de Ziguinchor, pas très loin de la frontière avec la Guinée Bissau. Il a trois vergers d'anacardiers, il en avait un 4e avant, mais il lui a été pris par les rebelles et il ne peut plus y retourner car ils y ont mis des mines. Au plus fort des conflits, il nous a expliqué qu'il a échappé plusieurs fois aux rebelles, qui sont venus à trois reprises le chercher chez lui pour le tuer. Heureusement, il ne l'y ont jamais trouvé. Son voisin et son frère (même père même mère) n'ont pas eu la même chance. "La Casamance est vraiment une belle région, il ferait bon y vivre, si nos parents n'avaient pas gâché tout ça !" Aujourd'hui, alors que la siuation sur place commence de nouveau à se dégrader, tout le monde espère que ça va vite se calmer pour ne pas avoir à revivre le cauchemar des années de rebellion.



La Fédération Yaakar Niani Wulli

 

Cette fédération, qui regroupe plusieurs organisations de producteurs, s'est lancée dans la culture biologique depuis 1994, avec l'appui d'ENDA Pronat (une ONG sénégalaise), pour limiter leur dépendance aux intrants. Son nom vient de celui de deux anciens royaumes mandingues, le "Niani" et le "Wulli", qui se sont unis ("Yakar" veut dire ensemble) pour lutter contre la pauvreté, en promouvant le respect de l'environnement et des cultures locales.

Depuis quelques années, les producteurs ont obtenu la certification Bio pour leur coton, et pour le sésame et Bissap qui entrent dans la rotation des cultures. Ils ont également obtenu le label  "équitable" grâce à leur bonne gouvernance interne, la transparence de leur fonctionnement et la place qui y est laissée aux femmes. Avec les primes reçues pour ces deux certifications, ils ont pu construire leur local et peuvent assurer le fonctionnement courant de leur fédération de manière autonome. Peut-être que vous trouverez bientôt leur huile de sésame bio-équitable dans les boutiques... et si vous êtes à la recherche de cadeaux de Noël naturels, il font aussi de très beaux sacs écrus et indigos avec des stylistes sénégalais en vente par corresponsance.

Publié dans Sénégal

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